2 jours furent suffisant à Mbeya pour nous retaper la panse
à grand coup de frites, que l’on nomme ici : Chipsis.
Nous quittâmes donc notre première ville Tanzanienne par un
bel asphalte et une journée ensoleillée. Le long serpent de bitume devait nous
monter à des altitudes Galibiéenne, nous laissant dominer de basses plaines
surchauffées.
A Chunya le goudron nous abandonna. Nous ne devions le
revoir que 500 kilomètres plus au nord.
Notre progression allait donc ce faire sur une piste en mauvais
état. Un peu trop sablonneuse et/ou caillouteuse à notre goût.
Au village de Uptembo nous trouvâmes une Guest House (Gesti
en swahili) au centre du village. Les tenanciers de l’auberge étaient tellement
imbibés de bière locale que nous dûmes nous débrouiller tous seuls pour trouver
une chambre, les toilettes et faire fonctionner la machine à fournir l’eau
chaude. (Une espèce de samovar fonctionnant au feu de bois).
Pour le prix, il était indiqué. 5000 TSH (2 euros) La simple,
10 000 TSH la double. Nous prîmes la simple, le lit étant assez grand pour nous
y caser tous les 2.
La piste, bien que peu soignée, était plaisante. Partout nous croisions de petits hameaux pleins de vie. Regroupement de femmes autour du point d’eau et assemblée d’hommes autour du billard, ce qui avait, à chaque fois, le don d’énerver Patricia.
Idem pour les charges lourdes. Les femmes transportant 50
litres d’eau, de légumes ou de n’importe quoi d’autres (je me rappelle avoir
vue une dame porter un compresseur) sur la tête, les hommes suivant derrière
poussant un vélo et 2 poulets accrochés au guidon, ou, pour le cas du
compresseur, les fils électriques.
La sortie des écoles, bien que ne sachant toujours pas
quelle est l’heure de sortie ou d’entrée, vu qu’à tout moment et dans tous les
sens nous croisons des écoliers, est également toujours un moment vivant. Le
plaisir des élèves semblant être de courir après les cyclo voyageurs. Toujours
dans la bonne humeur.
A Kambikatoto nous demandâmes au bar où se trouvait la
« Gesti ». Un homme se
présentant comme le propriétaire nous emmena sur sa moto pour nous montrer
l’endroit. L’occasion de faire 200 mètres, aller retour, à 3 sur la bécane.
Après avoir récupéré nos propres machines, payé le tarif devenu habituel (5 000
TSH), nous dûmes remplir le registre. En plus des noms prénoms, il fallut
indiquer à quelle tribu nous appartenions. J’inscrivis « Cyclo-errant »,
ce qui convînt au tenancier.
L’approvisionnement en eau étant problématique dans cette partie de la Tanzanie, nous prîmes l’habitude de nous approvisionner dès que possible. Notre repère, le défilé de femmes et enfants avec un sceau sur le sommet du crâne.
Toujours un bon moment de rigolade, personne ne semblant comprendre que nous aussi, voulions profiter du puits ou de la pompe pour
remplir notre poche à eau. Comme si nous venions au point d’eau pour faire un tennis,
aurait dit Bigard. A moins que ce ne soit la petitesse de notre sac à eau, 6
litres tout de même, qui fasse sourire. Une fois l’étonnement passé, nous fûmes toujours conviés à remonter la file impressionnante de récipients en attente
d’être remplis. Merci pour votre gentillesse mesdames.
Une fois je m’étais essayé au lancé de seau au fond du puits…..
Je ne remontais jamais un seau plein. Une autre fois, à une pompe, les
habituées étaient venues à mon secours, (petite humiliation) pour m’expliquer
comment actionner le bras de pompe. Apparemment je n’étais pas assez énergique,
et ne sortait du bec qu’un mince filet d’eau.
Au village de Matendi, ne voyant personne avec une réserve
d’eau sur la tête, nous demandâmes au gérant du hardware tout proche où se
trouvait le point d’eau.. Il nous expliqua que c’était loin, qu’ici il n’y
avait pas d’eau. Il nous permit néanmoins de nous servir de sa propre réserve. En
fait, le point d’eau, se trouvait un peu en retrait non loin de l’école à quelques
centaines de mètres de l’endroit où nous avions posé la question. Nous
comprîmes très vite que les hommes ne devaient pas être questionnés sur ce
sujet. Car ce ne fut, hélas, pas un cas isolé.
Sur cette piste, les jours se suivirent et se ressemblèrent.
Quasiment à l’identique chaque jour. Les villages étaient nombreux, bien
qu’aucun ne fussent indiqué sur notre carte.
Arrêt de 10 heures pour une pause soda, souvent chaud,
l’électricité étant un luxe que peu de personnes ne possédaient. Arrêt de midi
pour manger des frites, souvent froides et un cola toujours chaud. En fait,
pour manger nos patates chaudes, il nous aurait fallut les commander avec une
omelette. Cette dernière étant cuite et versée sur les chipsis. Ce que nous fîmes par la suite, montant ainsi
le prix de 1000 TSH à 1500 TSH (0, 60 Cts) l’assiette.
Sur cette portion nous avons très peu bivouaqué. La seule
fois ou nous avons planté la tente, pour plus de confort, dirait Patricia, il
plut….
A Rungwa, un ranger du parc national éponyme, nous invita
chez lui pour le souper. Ce gigantesque parc était un peu délaissé par le
tourisme. Les rangers locaux avaient le projet
de développer un tourisme différent, en aménageant un circuit pédestre,
accompagné par des professionnels en arme.
Une partie du parc était une « Game » réserve. On
pouvait y chasser le lion ou l’éléphant pour quelques milliers de dollars. (15 000 USD pour un lion). Les tours
opérateurs spécialisés affichaient complet sur plusieurs années… Les clients ne
voulant que le trophée, la viande nourrissait les rangers. Ce soir là, nous
mangeâmes de l’Antilope.
Nous reprîmes la piste scrutant avec attention les fourrés,
car d’après notre hôte, les lions et autres « Wild life » étaient
abondants sur cette portion jouxtant le parc. Nous ne vîmes aucune trace, pas
même une éléphantesque bouse. Par contre, les mouches Tsé-Tsé nous
accompagnèrent, rendant assez pénible la progression. Nous obligeant à tenir
d’une main le guidon et chasser les bestioles de l’autre.
Au village de Mitundu il semblait y avoir une auberge par
habitant. Chaque mur possédait la mention hôtel ou Guest House.
Trouvant cela louche, nous décidâmes de nous réfugier dans
la cour d’une école. C’était en fait une congrégation de religieuses. Nous fûmes
chaleureusement accueillit avec gâteau et jus de baobab. Avant de faire le tour
du propriétaire. Une école secondaire récemment construite, une école primaire
plus ancienne et un jardin d’enfant. S’ajoutant à cela une maternité, un petit
centre de soin et une blanchisserie.
Après nous avoir installés dans nos quartiers tout
confort, chambre privée, avec douche
chaude, nous continuâmes la visite par les jardins regorgeants de légumes, les
vergers croulant sous de généreux fruits, les étables avec, vaches, cochons et
autres gallinacés attendant de fournir lait et viandes à la communauté. Les
champs de maïs avaient étés moissonnés. Sœur Marianne qui conduisait la visite
était une des pionnière de cette congrégation en Tanzanie. Arrivée de son
Autriche natale il y a plus de 30 années, avec quelques personnes, ils avaient
débroussaillés creusés des puits, érigés des bâtiments. Ne vivait alors ici qu’une famille et des
animaux sauvages en grand nombre. Aujourd’hui le centre est entouré d’un
village. La maternité ne désemplie pas avec 10 naissances par jour, les élèves
viennent de toute la Tanzanie pour suivre les cours dispensés par des sœurs,
toutes au minimum bilingues.
Pour notre part, nous profitâmes de ce havre de fraicheur et
de tranquillité. Les frangines furent aux petits soins avec nous. Repas abondant
des produits de la ferme, que nous ne prenions jamais en leur compagnie, mais
seuls dans une petite salle à part, gâteaux maison, confitures…
Nous y étions tellement bien que nous y restâmes 2 jours
complets.
Un soir, on nous convia à une messe. Pas que cela nous
enchanta outre mesure, mais nous sommes des gens bien élevés et du coup
acceptâmes.
Patricia m’ayant rapidement briefé sur comment faire, au cas
ou, un signe de croix, nous entrâmes dans l’église. Déjà toutes les soeurs
(environ 80) s’y trouvaient. Une messe bien surprenante. Chants, danses, Jumbé,
tambourins. Ambiance Oktober-fest avec
les oscillations de droite à gauche, les cris qui s’envolent… Seuls quelques
prêches en Swahili pour calmer les
ardeurs.
Rien à envier à nos messes qui ne sont même plus en latin.
Bien content de notre expérience, nous continuâmes notre
route, scrutant les bornes pour y trouver le signe d’autres congrégations.
C’est ainsi qu’à Itigi, nous atterrîmes chez les adorateurs de Saint Gaspard.
Organisation différente, seul un hôpital et un petit hôtel. Nous y passâmes la
nuit.
A Mkiwa, nouvelle mission. Identique à la première. Ecoles,
maternité. Ici nous sommes chez les Ursulines. Congrégation Italienne. Accueil
identique. Plus que chaleureux. Heureuses de rencontrer le monde
extérieur ? La sœur qui nous couvât était jeune, avide de questions sur
tous les sujets. Pas sur que la mère supérieure acquiesçât, mais nous ne
cafterons pas…
Une fois de plus, repas gargantuesque avec les produits du
jardin puis retour dans notre chambre rien que pour nous.
Le lendemain, nous quittâmes la mission de bonne heure. Un
bitume parfait nous emmena en 90 km à Singida. Nous retrouvâmes le trafic
routier et sa cohorte de camions. Au kilomètre 75, un semi-remorque de produits
pétrolier gisait sur le coté. Des bidons récupéraient le précieux liquide, à un
euro le litre, qui s’échappait de la cuve. Le gardien (il y a toujours un
gardien pour les véhicules en panne ou accidentés), était allongé à l’ombre de
la future carcasse et fumait tranquillement. Nous appuyâmes sur les pédales.
Nous profitâmes du bas coté nous protégeant des véhicules
pour rêvasser et réviser notre code de la route….
A Singida nous avisâmes un bel hôtel pour y séjourner 3
nuits. Classe. Grande chambre, TV, SDB
privée. Par contre, l’eau et l’électricité étaient régulièrement coupées.
2 lacs ceinturent Singida. Lacs salés, entourés de rochers, accueillant des flamants roses et autres oiseaux que nous ne vîmes pas. Seuls quelques trous servant à collecter le sel et de tranquilles bergers semblaient habiter les lieux.
A l’aube du 3ème jour, nous prîmes la route en
direction du nord. Le vent était violent, nous obligeant à peiner dans les
nombreuses montées et à pédaler dans les trop courtes descentes. Coté
circulation, peu de monde et un large bas coté.
Katesh accueillait son immense marché mensuel. Bien que le
soir commençât à tomber, nous y fîmes un rapide tour, avant de nous trouver un
hébergement. Toujours une ambiance bien particulière dans ces foires à bestiaux,
légumes et autres produits manufacturés.
On pouvait y détecter au moins une
dizaine de dialectes différents. Cela se bousculait dans les allées trop
étroites que les étales débordants semblaient rétrécir encore un peu plus. Nous
suivîmes une matrone qui se frayait un chemin à grand coup de mamelles. Un
nouveau né essayait tant bien que mal de se nourrir, tandis que que son ainé, bien
sanglé sur le dos de sa mère, semblait dormir.
Babati est situé au pied du mont Hanang.
Il nous avait
servi de repère toute la journée. Nous y passâmes la nuit. Le lendemain les
températures avaient chutés de quelques degrés et le mont n’était plus visible.
Nous étions bien en t-shirt, tandis que les autochtones évoluaient enroulés
dans des étoffes aux couleurs chatoyantes,
souvent à carreaux, et le bonnet enfoncé jusqu’au cou.
A Makuyuni, nous descendîmes à l’auberge « De
Luxe ». Elle n’en portait que le nom, mais le prix correspondait au tarif
habituel. Nous étions dans la vallée du Rift.
Les paysages avaient changés,
nous pouvions de nouveau voir des baobabs,
des lacs, des
champs cultivés et de très nombreux troupeaux de vaches et chèvres.
La région
est peuplée par les Massaïs.
Facilement reconnaissable à leurs habits, mais
également à leur grandeur. Alors que nous étions installés à un bar, nous pûmes
dévisager (c’était réciproque), les femmes assises autour de nous. La plus
petite me dépassait d’une tête. De lourdes boucles d’oreilles leurs laissaient
un lobe auriculaire béant.
A leurs pieds, des chaussures en pneus.
Au village de Nanja, nous fîmes notre pause boisson
habituelle. C’était un village Massaï. Très accueillant, les habitants nous
installèrent des chaises pour que nous puissions déguster notre soda
confortablement. Devant l’intérêt porté à nos montures, je proposais à un homme
d’essayer la machine. Il se vautra lamentablement. Heureusement plus de peur
que de mal. Il faut dire que leur « robe » ne facilite pas le
pédalage et que le terrain n’était pas des plus favorables.
Duka Bovu, abritait un camping. Nous devions y retrouver un
couple Belge rencontré la veille et qui traversait l’Afrique au volant d’un
camping truck de 33 tonnes. A notre arrivée le camping était rempli
d’overlander, mais il n’y avait aucune trace des Belges. L’endroit abritait
également un « snake park ». Le tarif nous fit plus mal qu’une
morsure de ses serpents. Du coup, nous nous installâmes au village dans une de
nos auberges préférées. La différence de prix pour dormir au frais dans un lit
ou sous la tente et sans ombre nous payât l’largement nos repas et les
bracelets que s’offrit Patricia. Les
Belges avaient du recevoir la même décharge que nous et enclencher une vitesse.
Nous n’étions qu’à 27 Kilomètres d’Arusha. Camp de base pour
visiter les parcs nationaux du Serengeti, Ngorongoro et Mont Meru. A
peine arrivés, les rabatteurs pour safaris nous harcelèrent. Nous arrivâmes néanmoins à nous en débarrasser et trouver un hôtel sympa.
Le soir nous dinâmes avec Nico, un Français voyageant en moto sur Africa Twin
650. (souvenirs-souvenirs…)
Au marché, on voulut nous guider, nous expliquer, nous
vendre des souvenirs, des safaris, nettoyer nos chaussures, nous faire payer
pour voir des poulets, nous extorquer 1 dollar pour porter nos bananes…. Un
tantinet usant, mais cela fait parti du jeu.
Par l’intermédiaire de Janie (fidèle lectrice et amie), nous
étions attendus dans la campagne d’Arusha par Salim. Une rencontre vraiment
sympathique. Durant 2 jours, nous fûmes choyés par cette adorable famille.
Un
matin avec Brahim, le fils cadet, nous découvrîmes les alentours de USA River.
L’après midi même, je tentais d’initier le jeune garçon aux joies du vélo. Pas
sur d’avoir réussi, car j’oubliais juste, que le village est situé au pied du
Mont Meru... Juchés sur nos vélos (celui de Patricia pour mon apprenti
cycliste) nous bataillâmes sur des pistes trop raides et trop caillouteuses.
Poussant à la montée, retenant à la descente. Le tout, sans apercevoir une
seule fois la montagne, pourtant toute proche, mais recouverte par une épaisse
couverture nuageuse.
Bien reposés, nous quittâmes nos hôtes pour nous diriger vers
le sommet de l’Afrique. Nous nous arrêtâmes à Moshi, camp de base citadin du
Kilimonjaro. Notre hôtel offrait une vue imprenable sur la montagne… Paraît il.
Car comme depuis maintenant une bonne semaine, le ciel ne voulait pas se
débarrasser de ses nuages, qui en plus de bloquer la vue rendait l’atmosphère
lourde et humide.
Nous restâmes 2 jours à Moshi, dans l’espoir d’apercevoir
les neiges du Kilimonjro. Sans succès.
Peut être demain ? Dans tous les cas, nous reprenons la route direction le Kenya, en contournant le Kili par l'Est.
Oups, j'étais restée coincée en Afrique du Sud. la peur des cobras, d'être piétinée par les éléphants ou dévorée par les lions peut-être.
RépondreSupprimerMais je vous ai rattrapés ;o)
Quel beau récit ! Palpitant et drôle quelques fois.
Heureuse de voir que vous allez toujours bien, malgré les "coups" de la vie.
Je vais partagé le Danemark, beaucoup moins exotique, et le moins "spectaculaire des pays scandinaves, mais charmant tout de même.
Amitié
Nous allons nous rafraîchir au Danemark....Avant de continuer sur l'Ethiopie.
SupprimerCoucou les deux sportifs. Merci de votre message. Prenez bien soin de vous deux dans ces contrées un peu spéciales, mais continuez à en prendre plein des yeux.
RépondreSupprimerPour nous surement un retour mouvementé car nous venons d'apprendre hier soir que notre véhicule ainsi que tous les autres présents dans des storages en Uruguay viennent d'être placés sous saisie douanière !!!! Mais non le voyage n'est pas forcément un havre de repos !!!!! gros bisous à tous les deux et surtout prudence !!!!!!
Qui va changer la distribution de little Dory ?
SupprimerLes règles ont changées en Uruguay pour garer les véhicules ?
On a hâte de vous lire.
Bonne reprise de la vie nomade.
Amitiés