Depuis notre dernier post, à Addis Ababa, nous avons quitté l'Ethiopie et rejoint le
Soudan.
Aujourd’hui à Khartoum, nous prenons le temps de mettre à
jour ce blog.
Ci dessous un résumé des dernières semaines.
Les raisons de la colère.
En quittant la capitale, nous avons vite compris que quelque
chose clochait. Peu de véhicules sur les routes, ou encore moins que d'habitude, car en général elles sont peu peuplées.
Par contre tout au long du parcours, des véhicules calcinés, des traces de pneus brulés. Plus nous avancions, plus la tension suintait de partout.
Rochers dressés en travers de la route, barrières improvisées. Enormément de personne le long des routes avec des bâtons, des fourches….
Par contre tout au long du parcours, des véhicules calcinés, des traces de pneus brulés. Plus nous avancions, plus la tension suintait de partout.
Rochers dressés en travers de la route, barrières improvisées. Enormément de personne le long des routes avec des bâtons, des fourches….
Puis, entre deux villages, nous avons vu notre première manifestation.
Des centaines de personnes, bras levés, scandant des messages auxquels nous ne
comprenions rien.
Comme nous étions en pleine campagne, nous avons pu éviter
le cortège en passant par les champs.
Au village suivant, nous nous sommes arrêtés pour nous
ravitailler et essayer de comprendre ce qui se passait. Certaines
personnes nous ont dit de ne pas rester, d’autres que nous ne risquions rien.
Au final, nous n’avons pas pu savoir ce qui se passait, mais quand la manifestion a rejoint le village, la tension est encore montée d’un cran. Nous avons repris
nos vélos et avons filés. Les gens au bord de la route paraissaient à cran.
Plus que d’habitude, on nous à lancé des cailloux, courus après….
Nous avons traversé un autre village dans une ambiance fin
du monde. Rideaux tirés, bus, camions brulés, pneus entassés fumant
encore.
Quelques kilomètres plus loin, un autre village était bloqué par les
manifestants. Cette fois, nous ne pouvions pas l’éviter. Nous avons donc traversé
la foule, Nous n’en menions pas large, car comme dans tous rassemblements,
surtout contestataires, un rien peu tout faire déraper. Nous avons donc fendu
la foule. Patricia en premier pour créer la surprise et l’écartement. Moi
derrière qui me suit pris un nombre incalculable de coups sur le dos, répondant parfois, mais surtout avançant rapidement.
La encore, nous avons reçu notre lot de cailloux, mais nous
n’avons pas demandé notre reste et avons filé rapidement. Que pouvions nous
faire. Nous arrêter et attendre ? Malheureusement, avec notre délai limité
pour rejoindre la frontière, ce n’était pas envisageable, car des
manifestations comme celle là, il y en
avait dans tous les villages.
Pourtant, à Gohatsion, nous n’avons pas eu le choix. Dans ce
village, ce sont la police et l’armée qui nous ont arrêtés. Cela se
« fritait » pas mal. Impossible de continuer. Nous n’avions pédalé
que 30 kilomètres. Tous les commerces avaient baissé rideaux et les petites
pensions, dans lesquelles nous voulions nous arrêter, nous ont refusé, surement
par peur d’un aggravement de la situation.
Les militaires nous ont donc escortés vers un hôtel de
« classe internationale », gardé par la police. Que fait un hôtel de
cette qualité dans ce village, cela restera un mystère.
Nous étions donc en sécurité dans notre hôtel de « classe
internationale ». Après avoir négocié notre hébergement, car nous n’avions
jamais demandé à séjourner ici, nous avons découvert notre chambre de
« classe presque internationale ». Un grand lit, une TV à écran plat,
une douche chaude qui fuyait et un WC sans eau. Puisque nous étions bloqués,
qu’il n’était que 13 heures, nous nous sommes installés devant notre TV à écran
plat et avons regardé des films que j’avais sur une clé USB, puis avons passés du temps sous la douche chaude qui
fuyait et lavés du linge. A l’extérieur,
nous entendions la rumeur et sentions l’odeur caractéristique du pneu cramé.
Cela brulait du camion et caillassait les flics à gogo.
Le soir, nous sommes allés au restaurant de notre hôtel de
« classe internationale ». Comme nous étions les seuls clients, rien
de se qui figurait sur la carte n’était disponible. Nous avons donc mangé la
même chose que d’habitude, mais pour deux fois plus cher….
En interrogeant un peu tous le monde, nous avons fini par
déduire que le motif du mécontentement, provenait du fait qu’une région était privilégiée par
les aides gouvernementale pour l’implantations d’usines, la constructions
d’universités…..par rapport aux autres qui étaient abandonnées à leur misère et ne recevait aucune subvention.
Jusqu’où s’étendait le malaise ? Personne ne le savait.
Dans la zone de conflit, les communications téléphoniques et internet, détenus par l’unique opérateur
national, étaient coupées. Aucune des 3 chaines nationales ne parlait de ces manifestations. C’est ce que nous avons constaté en zappant
sur notre TV à écran plat.
Le lendemain, nous sommes partis de bonne heure, avant que
les manifestations ne recommencent, mais aussi parce que la route ne
s’annonçait pas des plus facile avec énormément de dénivelé à perdre et à
prendre.
En effet, nous allions croiser pour la première fois le Nil bleu en
redescendant à 1000 mètres d’altitude.
General Public Hospital
Depuis combien de temps avais je cette marque à la
cheville ? Je ne saurais dire. Un – deux jours ? Peut être trois. Je l’avais remarquée un matin en quittant un
de nos hôtels refuge. C’est à dire un hôtel très bon marché mais à l’hygiène
douteuse. M’étais je écorché, ou bien avais je été « mordu » par une
araignée ou autre bestiole ? Pas la moindre idée.
En fait, je ne m’en préoccupais pas trop. Une marque de plus
ou de moins qu’importais ?
En quittant Addis Ababa, la marque était devenue un petit
trou et je commençais à sentir une petite douleur en marchant. Patricia, qui
aurait du être infirmière tellement charcuter les plaies ou autres
« bobos » semble la passionner, c’est donc attaquée à stopper tout
cela. Dans notre trousse à pharmacie, nous avons trouvé un spray antiseptique
périmé depuis 2015, du coton et du sparadrap. Le tour était donc joué. Nous
pouvions prendre la route.
3 jours plus tard, le trou avait doublé et la peau partait
en lambeau tout autour. Nous avons donc renouvelé l’opération antiseptique, coton, sparadrap. Au bout de 5 jours, je n’avais plus un pied,
mais une patte d’éléphant et je commençais à avoir vraiment mal en marchant. Mais
bizarrement, pas du tout en pédalant. En personne raisonnable, mais pas du tout
hypocondriaque, je suis allé au marché m’acheter une canne. Un beau modèle en
bois et acier que je compte bien conserver en prévoyance de mes vieux jours…
Sur le stand d’à coté étaient vendus pour quelques Birr, les cahiers et stylos
« USA AID », don des Etats Unis d’Amérique….
Arrivés à Bahir Dar, Patricia a réussi à me convaincre
d’aller consulter, car apparemment, cela n’allait pas passer. En contradiction
avec mes « ça va passer ».
Nous avons donc pris un tuk tuk pour nous rendre à l’hôpital
public général de la ville.
Contrairement à mes prévisions et à la foule présente, nous n’avons pas attendu longtemps avant de voir un docteur.
Contrairement à mes prévisions et à la foule présente, nous n’avons pas attendu longtemps avant de voir un docteur.
Après avoir pris ma tension et ausculté la plaie, le médecin
a rendu son verdict et rempli une fiche pour passer à l’étape suivante. Le
verdict était : Peut être une écorchure bégnine contaminée par un manque d’hygiène et de soins. Ou peut être autre chose.
Dans tous les cas, il fallait du repos et ne pas forcer.
Après avoir remercié le toubib et payé la consultation pour
un peu moins que les 2 euros que je donnais de temps en temps au clochard avec
un nez rouge du cours Berriat quand j’allais bosser, je suis passé à l’étape
suivante, qui consistait à nettoyer la plaie.
Pendant que Patricia achetait à
la pharmacie les antibiotiques prescrits et la crème à appliquer sur la plaie,
l’infirmier à consciencieusement ôté les peaux mortes et remis à nu la blessure avant de déposer
l’onguent et faire un beau pansement, m’informant qu’il faudrait revenir deux
fois par jour pour nettoyer la plaie et changer le pansement.
La encore, nous avons remercié l’infirmier et réglé son
intervention au 3ème bureau du rez de chaussée, repris un tuk tuk et sommes rentrés à l'hôtel.
Le lendemain, nous avons repris la route et depuis Patricia
s’applique matin et soir à nettoyer ma plaie avec notre antiseptique périmé,
notre coton et la crème « made in UEA ». Quant à moi je m’applique
tout aussi consciencieusement à avaler
mes antibiotiques en m’aidant d’une bière locale.
Apparemment, nous avons fait cela très bien car mon pied a
repris sa forme normale et je n’ai plus mal en marchant. Aujourd'hui, tout est rentré dans l'ordre.
Figaro
Il était temps d’y passer. La dernière fois, que je m’étais
coupé les cheveux, c’était au Brésil chez notre ami Klaus, soit plus de 7 mois
auparavant. Maintenant ma casquette ne tenait plus sur ma tignasse. elle s’envolait à chaque coup de vent et m’obligeait à m’arrêter pour
aller la récupérer dans le fossé avant la horde de gamins. Ce n’était donc plus
possible.
Passer chez le coiffeur en voyage est, en plus, un petit plaisir que
j’affectionne. J’avais déjà testé les coiffeurs Indien et
Népalais comprenant le massage facial, le coiffeur Ouigour sur le marché de
Kashgar, bousculé par les vaches alors qu’il était en train de me raser sur la
gorge…
Photo d'archive. Kashgar août 2006 Route de la Soie |
Dans un village, dont je ne me souviens plus du nom, je suis donc allé voir le figaro local. Comme beaucoup de commerces, sa boutique était composée de 3 tôles pour faire les murs et d’une
quatrième pour faire le toit. Pas besoin de beaucoup plus. Une fois installé
sur le siège, qui suivait dangereusement la pente du terrain, et avoir expliqué
par geste la hauteur de coupe désirée, le noir c’est fait….. Devant la boutique, la quasi
totalité du village s’était regroupée pour voir le farenghi se faire couper les
cheveux. Après avoir fait un peu de police pour que la lumière puisse à nouveau
pénétrer, sous le regard de centaines d’yeux et d’autant de commentaires, je me
suis fait faire la totale. Cheveux, barbe, sourcils….. Une fois le travail
fini, avec le barbier, nous nous sommes serrés la main, pris par le cou pour la photo de
promotion du salon, qui passait d’un coup à salon international et sorti un
billet de 10 Birr. Sans attendre la monnaie, je suis reparti à notre hôtel,
accompagné de tout mon fan club.
Que la montagne est belle.
Depuis Addis Ababa, nous avons renoué avec la montagne. Première
belle montée à 2800 mètres d’altitude dès la sortie de la capitale,
puis montagnes Russes entre 2 200 et 2 500 mètres.
puis montagnes Russes entre 2 200 et 2 500 mètres.
Le passage du Nil bleu, qui n’à de bleu que le nom,
nous a obligé à descendre vers 1 000 mètres pour immédiatement remonter à 2 500 mètres en 20 kilomètres.
nous a obligé à descendre vers 1 000 mètres pour immédiatement remonter à 2 500 mètres en 20 kilomètres.
En passant, sur le pont enjambant ce fleuve mythique, nous
aurions aimé pouvoir nous abandonner à son courant et tranquillement rejoindre la
Méditerranée….. Au lieu de cela, il nous a fallu affronter des pourcentages élevés et un goudron dans un état pitoyable.
Après Dejen, nous avons retrouvé un plateau, jouant à nouveau aux
montagnes Russes, mais sans difficultés majeures.
Coté tension sur la route, tout semblait fini, laissé dernière nous. A croire que le Nil avait coupé les liens de la révolte. Nous avons retrouvé la paix et les « you you money », accompagnés des jets de cailloux.
Presque plaisant après les épisodes précédents.
Coté tension sur la route, tout semblait fini, laissé dernière nous. A croire que le Nil avait coupé les liens de la révolte. Nous avons retrouvé la paix et les « you you money », accompagnés des jets de cailloux.
Presque plaisant après les épisodes précédents.
A Bahir Dar, en plus de l’hôpital, nous avons visité un
monastère situé sur le lac Tana.
Rien de bien exceptionnel, si ce n’est que dans ce lieu de prière et de retirement, mêmes les moines ne semblaient connaître que le dieu « Money ».
Rien de bien exceptionnel, si ce n’est que dans ce lieu de prière et de retirement, mêmes les moines ne semblaient connaître que le dieu « Money ».
En quittant Bahir Dar, nous avons encore grimpé quelques jolis
cols avant de rejoindre Gondar et ses châteaux,
puis nous avons basculé dans la plaine pour rejoindre la frontière Soudanaise.
Depuis nous pédalons à 300 mètres d’altitude dans la fournaise.
puis nous avons basculé dans la plaine pour rejoindre la frontière Soudanaise.
Depuis nous pédalons à 300 mètres d’altitude dans la fournaise.
Baisser la garde
Gondar, ville touristique. Habituée aux blancs. Nous y
étions bien, pas harcelé. Nous avions besoin de nous sentir léger, de relâcher
la pression, de baisser la garde.
Quand nous avons rencontré Alem, nous étions content de pouvoir discuter, de pouvoir échanger. Il travaillait dans le tourisme, connaissait les problèmes des campagnes… Avec ses redlocks, sa tête de Bob Marley, il donnait confiance. Nous avons sympathisé, parlé du voyage, du Soudan. Comme nous l’avions déjà lu, il nous a mis en garde sur le « black market » de devises à la frontière de notre prochain pays. Faux billets, harcèlement des changeurs…. Lui, par son activité dans le tourisme, pouvait nous faire du change ici, ce qui nous permettrait de passer la frontière sereinement. Tentant. Nous avons donc accepté. Tout était correct, les billets n’étaient pas faux, le taux correspondait au taux officiel trouvé sur internet.
Quand nous avons rencontré Alem, nous étions content de pouvoir discuter, de pouvoir échanger. Il travaillait dans le tourisme, connaissait les problèmes des campagnes… Avec ses redlocks, sa tête de Bob Marley, il donnait confiance. Nous avons sympathisé, parlé du voyage, du Soudan. Comme nous l’avions déjà lu, il nous a mis en garde sur le « black market » de devises à la frontière de notre prochain pays. Faux billets, harcèlement des changeurs…. Lui, par son activité dans le tourisme, pouvait nous faire du change ici, ce qui nous permettrait de passer la frontière sereinement. Tentant. Nous avons donc accepté. Tout était correct, les billets n’étaient pas faux, le taux correspondait au taux officiel trouvé sur internet.
Nous avons donc changé nos dernières Birr en Pounds et nous
sommes fait avoir, comme nous le découvrirons plus tard.
Pourtant nous savions qu’il y avait un embargo sur les
devises étrangères au Soudan. Que sortie du pays la livre Soudanaise n’est qu’un bout de
papier, qu’il est difficile de se procurer des US dollars, des Euros ou tout
autre devise…. J’aurais du tilter. Avoir en mémoire que ce qui est rare est
cher… Que le taux officiel sur « XE.Com » ne signifie rien. Mais
voilà, nous ne nous sommes pas méfié, nous avions baissé la garde. Ce
qu’il ne faut jamais faire en Ethiopie. Quelques jours plus tard, en arrivant à
la frontière, nous nous sommes vite rendu compte que le taux du « black
market » affichait plus du double de ce que nous avions obtenu auprès de notre
« ami » qui nous avait bien vu arriver et nous a bien pigeonné…..
Heureusement que nous n’avons changé que nos Birr et pas nos USD…..
Guet-apens.
Le resto paraissait sympa. Juste un peu en dehors de la
ville pour ne pas être observé par la foule. Une petite terrasse pour rester
près des vélos, un petit enclos devant la demeure. Parfait. Nous allions
pouvoir déjeuner en paix. Profiter pour une fois de notre repas. Cuisine
locale habituelle. Injera et son lot de petits mets. Patates, lentilles et autres. Prix
conforme aux autres jours, coca à une Birr de plus, mais nous étions loin de
tout. Aucun problème. Nous avons pris notre temps, seulement observé par 2
gamins.
C’est au moment de payer que cela c’est gâté…. Les prix, que
nous avions pourtant demandés, fait confirmer, comme à notre habitude, avaient
triplés.
La dame du restaurant n’était plus seule, mais accompagnée par 3 hommes nous intimant de payer le prix demandé, bloquant l’entrée.
Commençant à prendre les vélos. Même une grand mère est apparue, brandissant une
pierre au dessus de sa tête… S’en était trop. Cela sentait le coup prémédité,
l’envie de faire raquer les 2 blancs.
Mauvaise pioche.
Mauvaise pioche.
Depuis le temps qu’ils nous « gonflaient » avec
leurs arnaques, leurs cailloux, leurs you you… Nous tendre un piège, s’en
prendre aux vélos, à nous physiquement… BASTA. La goutte qui fait déborder le vase.
Dans cet instant ou je « pête » un câble, je
deviens un autre. La folie qui s'empare de mon être et que rien n’arrêtera doit se voir. Comme le gros bonhomme tout vert. Pas Shrek
ni celui de la banque, mais Hulk. Je dois être encore plus effrayant que d'habitude.... Dans ce cas précis, j’ai
vu mes agresseurs, car il s’agissait clairement d’une agression, reculer d’un
pas, ne plus savoir quoi faire, s’écarter, commencer à fuir, nous laissant
passer sans rien demander. Même pas le prix initialement annoncé, mais que Patricia, qu’il faudra béatifier un
jour, paye tout de même, par honnêteté, sous le regard apeuré de ces crapules.
Pourtant nous savons.
Nous savons que nous sommes des privilégiés. Nous savons que
pouvoir pédaler pendant quatre années sans bosser n’est pas donné à tout le
monde. Nous savons que nous avons pu choisir notre style de vie. Nous savons que nous avons la chance d’être en bonne santé, de manger à
notre faim. Nous savons que nous sommes nés du bon coté de la planète. En
occident, plus précisément en France. Nous
savons que nous avons été conçus par amour et non pas par nécessité pour aller
chercher de l’eau, couper du bois, garder le troupeau. Nous savons tout cela et
en avons conscience quotidiennement. C’est justement parce que nous avons cette
conscience que nous pardonnons (ou pardonnerons) aux Ethiopiens de nous avoir pris pour une fête
foraine. De nous avoir pris pour des clowns qu’il faut chahuter, de nous avoir pris pour le ticket de loto gagnant. Car finalement,
si nous avons pu faire sourire ou rire ou seulement distraire, cela vaut bien quelques cailloux ou
tirages de sacoches, car dans 10 ans, ils seront toujours au bord de la route à
porter de l’eau, à couper du bois, à conduire le troupeau ou à jeter des
cailloux. Alors que nous, nous aurons regagné notre confort de
privilégiés et penserons avec nostalgie à l'Ethiopie.
Et nous, qu’aurions nous fait au cycliste de passage, si
nous étions gardiens de chèvres sur un plateau Ethiopien ? Je suis content
de ne pas avoir la réponse.
Retour vers le futur.
Plus que quelques kilomètres.
Plus que quelques kilomètres et nous en auront fini avec l’Ethiopie. Dur de dire cela, mais c’est bien la première fois que nous sommes content de quitter un pays, même si nous arriverons à pardonner la bêtise de ses habitants.
Plus que quelques kilomètres et nous en auront fini avec l’Ethiopie. Dur de dire cela, mais c’est bien la première fois que nous sommes content de quitter un pays, même si nous arriverons à pardonner la bêtise de ses habitants.
Plus que quelques
kilomètres et déjà une myriade de Tuk tuk à nos trousses qui veulent changer nos
devises. Une cohorte d’abrutis se battant presque, s’insultant... Ceux
qui abandonnent la partie nous doublent en nous disant de filer changer au
Soudan… Que leurs collègues, toujours à nos trousses, sont des voleurs, des
menteurs.
Mais nous n’avons pas besoin de leurs conseils. Nous voulons
quitter le pays, ne plus rien avoir a faire avec eux. Plus que quelques
centaines de mètres, de mètres, de centimètres. J’ai même failli me prendre la
corde tirée au milieu de la route, marquant la fin du pays et obligeant l’arrêt pour passer à la douane. En
fait la douane, ce sont 3 officiers assis dehors sur des chaises en plastique
qui ont le tampon d’entrée ou de sortie. Formalité ultra rapide en drive in.
De l’autre coté de la corde, un pont. Frontière naturelle. Nous sommes au
Soudan.
En 100 mètres, nous avons fait un bon de 7 années et sommes revenus en 2017. L'Ethiopie est encore en 2010... Le jour de l'an était le mardi 12 septembre. Jour ou nous nous étions présenté à l'ambassade Ethiopienne de Nairobi.
Nous posons les vélos, rentrons dans le bureau
d’immigration. Coup de tampon d’entrée. Mais il faut payer une taxe
d’enregistrement. Dehors il y à des changeurs qui prennent toutes les devises.
C’est ici que nous comprenons que nous nous sommes fait avoir à Gondar. Le taux
proposé est vraiment plus intéressant. Après marchandage, nous
changeons 100 USD. De ce coté, pas de risque de faux billets. Ils passent de la
main du changeur aux caisses de l’état pour payer cette foutue taxe.
Tout est en ordre. Ma roue arrière, avec ses 3 rayons en moins est bien voilée. (Elle est facile celle là). Patricia n'a aucune obligation vestimentaire. Nous pouvons passer. Welcome to Soudan nous disent les
officiers.
Laissant les vélos aux policiers, nous traversons la rue
poussiéreuse et allons nous installer dans un boui-boui pour « prendre la
température » du pays. Nous commandons une espèce de pain perdu avec de la
sauce tomate. Le prix est correct les gens charmants. Nous aimons déjà le pays.
C’est ma tournée
Nous sommes à peine installés et n’avons pas encore attaqué
notre plat, que déjà apparaissent sur notre table 2 bouteilles d’eau. Méfiant
comme si nous sortions d’Ethiopie, nous faisons remarquer que nous n’avons pas
commandé cela.
C’est offert. Welcome to Soudan nous dit un homme à la table
d’à coté. C’est moi qui vous offre….
Un peu gênés, nous bredouillons des excuses, remercions. La
conversation s’engage. D’autres personnes arrivent. Des tasses de thé
apparaissent, Welcome to Soudan. C’est du thé à l’Hibiscus. Il faut gouter.
C’est du thé aux épices. Il faut gouter. Welcome to Soudan….. Ainsi de suite. Nous sommes bien, nous pourrions rester toute la journée à gouter les différents "chaï", mais il
faut penser à progresser un peu. Nous voulons payer les thés. Impossible. Les gens sont agréables, ont le sourire, parlent un peu Anglais. Nous savons que nous allons
pourvoir baisser la garde.
Nous aussi avons retrouvé le sourire et nous voulons avoir le dernier mot en payant notre tournée. Donc en partant, nous avisons la petite vendeuse de thé. Payons
des verres, l’envoyons au boui boui pour les offrir aux clients et filons.
Le soir nous reprenons nos habitudes de bivouac. Planter
la tente, faire chauffer nos spaghettis. Un plaisir simple qui nous à manqué….
La pause breakfast.
Tout au long de notre progression vers Khartoum, nous avons
apprécié l’accueil, la gentillesse, l’hospitalité des Soudanais. Cela a ravivé
quelques souvenirs antérieurs, retrouvant le même accueil que nous avions reçu
en Iran. (https://avelotoutsimplement.blogspot.fr/p/blog-page_3.html) quelques années plus tôt.
Sur la route il y à
régulièrement des petits « shop », ou des stations service vendant
des boissons, du thé, de la nourriture.
Nous y faisons halte systématiquement pour nous abreuver de sodas bien frais. Dans le pays le petit déjeuner se prend entre 9 heures et 11 heures.
Lors de nos arrêts, il n’est pas rare que nous tombions sur une tablée partageant le Foul, la nourriture locale. Chacun plongeant sa main (uniquement la droite) dans le plat commun. Il est très rare que nous n’y soyons pas invité.
Nous y faisons halte systématiquement pour nous abreuver de sodas bien frais. Dans le pays le petit déjeuner se prend entre 9 heures et 11 heures.
Lors de nos arrêts, il n’est pas rare que nous tombions sur une tablée partageant le Foul, la nourriture locale. Chacun plongeant sa main (uniquement la droite) dans le plat commun. Il est très rare que nous n’y soyons pas invité.
Un jour, dans une station service ou nous voulions acheter l’essence pour le réchaud, nous sommes arrivés à l’heure du breakfast.
Boutique fermée, voiture devant les pompes. Clients et pompistes, assis par terre
en train de déjeuner. Nous avons été invités à venir tremper nos
doigts dans le grand plat en inox. Une fois
terminé, la vie a repris son cours. Les pompistes ont remplis les réservoirs,
les clients payés leur essence….
Une autre fois, lors d’un arrêt à la boulangerie, un client
nous a invité chez lui pur boire un thé. Nous avons accepté, car il faisait
très chaud et que nous étions content d’aller nous mettre à l’ombre. En plus du
thé, nous avons pris une douche, mangé, fait connaissance avec une grande
partie de la famille. La petite pause à durée 3 heures….
Difficile de prévoir les kilomètres quotidiens dans ces conditions….. Nous aurions pu rester dormir d’ailleurs. Notre hôte se proposant de nous conduire à Khartoum le lendemain….
Difficile de prévoir les kilomètres quotidiens dans ces conditions….. Nous aurions pu rester dormir d’ailleurs. Notre hôte se proposant de nous conduire à Khartoum le lendemain….
En plus de la pause déjeuner, il n’est pas rare de trouver
porte close lors de la pause prière. D’ailleurs beaucoup d’établissements ont, devant leur boutique, un tapis et des bonbonnes d’eau pour les ablutions.
Chacun peut donc s'arrêter et se mettre en conformité avec ses croyances.
Chacun peut donc s'arrêter et se mettre en conformité avec ses croyances.
Khartoum.
Finalement, entre les pauses thé, les pauses chaleurs, nous
sommes arrivés à Khartoum. Tous les soirs nous avons pu bivouaquer sans soucis.
Au bord du Nil, sous des acacias, dans la cour d'un poste de Police, derrière une
station service…
Dans la capitale, nous sommes hébergés par un charmant
couple vivant au sud de la ville.
Jeannette de Nouvelle Zélande, professeur d'Anglais dans un collège chic et Basim son mari Irakien, poète et écrivain de renom. Nous y passons quelques jours pour mettre à jour le blog et demander un nouveau visa. Celui de « transit » obtenu à Addis Ababa étant presque à expiration.
Jeannette de Nouvelle Zélande, professeur d'Anglais dans un collège chic et Basim son mari Irakien, poète et écrivain de renom. Nous y passons quelques jours pour mettre à jour le blog et demander un nouveau visa. Celui de « transit » obtenu à Addis Ababa étant presque à expiration.
L’épreuve administrative.
Pour ce nouveau visa, nous nous rendons à l’immigration. Un
important complexe policier. Après avoir signé le registre d’entrée, nous passons
avec les vélos à l’intérieur de l’enceinte. Une petite ville. Avec ses vendeurs
de boissons, ses vendeurs de snacks, ses préposés à la photocopie, ses
photographes….
Une fois les vélos cadenassés, nous pénétrons dans
l’antre…. Une fourmilière humaine. Dans tous les sens, des centaines de
personnes circulent, montent, descendent les escaliers font la queue devant un
guichet, s’interpellent, se passent devant. Déjà nous savons que cela va être
compliqué….
Le jeu peut commencer. Trouver un guichet avec pas trop de
monde pour nous faire indiquer le bon. Rien n’est écrit en Anglais, pas un
numéro sur les officines.
Au total, nous patienterons devant 13 guichets (j’ai compté)
répartis sur 2 étages. A chaque fois pour recevoir un tampon, autorisant à
aller parler dans l’hygiaphone suivant, remplir un papier, qu’il faut faire
tamponner dans un autre endroit. Etc. Un
monde de paperasse kafkaien. Avec bien évidemment, les bureaux fermés pour pause
déjeuner ou prière….
Malgré la gentillesse des gens, au guichet, c’est la guerre.
Tous essayent de se passer devant, tendent des feuilles, interpellent,
bousculent, crient, passent la tête dans l'étroit passe-documents. Avoir les nerfs solides et ne rien lâcher, surtout si l’on
ne parle pas la langue. Faire bloc et ne pas hésiter à repousser sèchement les gens
pour ne pas se faire déborder.
Nous avons compris pourquoi il y avait des cafétérias à
l’extérieur, des photocopieuses un peu partout. Nous avons fait 8 photocopies de feuilles avec
un tampon. Avons mangé des sandwiches, bu des cocas…..
Nous avons sympathisé avec des personnes que nous avons
croisés une bonne dizaine de fois, nous sommes vu offrir des sandwiches, des
boissons, par d'autres que nous n’avions jamais vues.
Finalement, nous avons réussi l’exploit de repartir avec
notre nouveau visa valable jusqu’au 30 novembre. Soit 23 jours
supplémentaires.
Comme beaucoup de monde, pour l’obtenir dans la journée,
nous avons du verser un petit bakchich. Cela semble être la règle si l’on ne
veut pas revenir le lendemain et recommencer ce cirque pour récupérer son bien. Les guichets
ferment officiellement à 15 heures, mais la majeure partie des gens restent,
attendent devant l’ultime bureau avec un billet à la main. Pour rémunérer la
gentillesse du fonctionnaire qui veut bien faire des heures sup…. D’ailleurs
tout va beaucoup plus vite et tout le monde à le sourire.
Nous sommes arrivés à 9h00, en sommes repartis à 17 heures.
Heureusement que nous avons rencontrés des gens agréables
qui nous ont expliqués les « règles » et indiqués les procédures,
sinon, nous aurions abandonné.
La prochaine queue dans une administration Française nous
fera sourire.
Seule appréhension, l’état du matériel qui commence sérieusement à être usé. 3 pneus sur 4 à la corde, chaines qui n'accrochent plus vraiment les pignons, rayons qui commencent à manquer… Sans parler des matelas percés, des fermetures éclairs de la tente qui ne ferment plus..... Il faudra que cela tienne jusqu’en Egypte, car ici, il ne
faut pas compté trouver du matos.
Rendez vous à Assouan.
et ben quel récit prenant! tu vas pouvoir devenir écrivain en rentrant c'est agréable de te lire on a envie de connaître la suite!! :) profitez bien du Soudan qui donne nettement + envie que l'Ethiopie ;) et prennez soin de vous quand même!!! tu aurais pu faire la couverture d'un paquet de clopes avec ton pied tout pourri ! ;)
RépondreSupprimerj'arrive pas à signer mais c'est aurélie
SupprimerBen si t'y arrives...
SupprimerEn tout cas merci pour le compliment. Je pourrais raconter des histoires à tes 2 marmots.... A bientôt pour la suite.
Bises
Magnifique aventure.bien racontée.
RépondreSupprimerMerci
SupprimerÇa c'est une période de votre vie que vous n'oublierez jamais !!
RépondreSupprimerBravo et merci pour le partage 😘
Merci de nous suivre.
SupprimerUn choix de vie que nous ne regrettons absolument pas et qui restera gravé dans nos mémoires effectivement
Merci à tous les deux de ce récit captivant. C'est véritablement hallucinant ce que vous venez de vivre. Nous vous embrassons depuis Brasilia.
RépondreSupprimerSalut les baroudeurs,
SupprimerNous venons de lire votre récit sur Brasilia. Content que Véronique ai pu voir Brasilia. Nous en avions parlé lors de notre dernière rencontre (Bientôt un an). Bon courage pour la jungle. Vous louez un pédalo ? Si je me souviens bien Manaus n'est accessible que par l'Amazone (ou les airs)..... Au plaisir de vous lire. Bises
Oh la la !! les bêtes sauvages ne sont pas les plus féroces dans certains pays. J'en ai tremblé pour vous.
RépondreSupprimerEt quel changement en passant la frontière...
Comme vous le dites si bien, que ferions nous si nous avions vécu leur vie. Ça permet de relativiser nos petits problèmes d'occidentaux, nous ne devrions pas trop nous plaindre.
Heureusement l'aventure continue pour vous,
bises à vous deux
L'Ethiopie fut dure par les gamins peu agréables. Le Soudan fut encore plus dur par sa chaleur et son vent de face vraiment éprouvant. Malgré l'incroyable hospitalité des habitants, nous avons souffert.... Aujourd'hui repos à Assouan Egypte.
SupprimerUn des aspects du voyage est de relariviser nos "problèmes".....
Bises à vous 2.
A côté de vous on est vraiment des petits joueurs avec notre Enfield!
RépondreSupprimerJ'ai l'impression qu'on s'est vu hier à Puno mais ça fait déjà 1 an et demi!!!
Hâte de vous revoir. Bon courage les amis
Puno, c'était hier. Pour nous aussi, le temps passe trop vite. Vous êtes ou cette année. Surement sur une Enfield, mais dans quel coin cette fois ci ?
SupprimerHâte de boire un Morito ensemble.
Bises de Assouan.
Le récit de votre épopée éthiopienne m'a fait froid dans le dos, je suis contente de vous en savoir sortis indemnes. En temps normal, je trouve que les éthiopiens sont déjà parfois un peu maboules, alors avec des fourches à la main, je les soupçonne de pouvoir devenir vraiment dingos !! Nous vous souhaitons une très bonne continuation, du thé parfumé, de l'aventure mais pas de frayeurs.
RépondreSupprimerMerci. Thé au jasmin, à l'Hibiscus. Parfum d'épices dans les souks. L'Ethiopie est derrière. Aujourd'hui en Egypte. Dernière étape Africaine.
SupprimerJ'arrive après la bataille mais ça fait un paquet d'aventures tout ça, le pied, le racket du restaurant... Content de vous suivre encore et encore. Je vois que l'Egypte est là, comment revenir ?
RépondreSupprimerEgypte. Dernier pays d'Afrique. Après faut trouver une porte de sortie...
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