La Panaméricaine
L’entrée au Panama s’effectue rapidement. Nous avions lu
qu’il fallait fournir un justificatif de solvabilité ou un billet d’avion de
sortie…
Pour rejoindre la capitale, il n’y a guère que la
Panaméricaine. Cette route qui traverse les Amériques du Nord au Sud. Jusqu’à
présent, nous avons réussi à l’éviter, mais ici, pas le choix, nous devons
rouler sur cette 4 voie pendant 600 km.
Heureusement pour nous, la première partie est en travaux. Sur
plus de 100 bornes, la « future » Panam nous appartient.
Pour le reste, nous roulons sur le bas coté. Nous quittons
la route uniquement pour aller planter notre tente.
En franchissant le pont des Amériques, nous passons
officiellement en Amérique du Sud.
Panama City.
De l’autre coté du pont, se trouve la capitale du pays. Les
nouveaux quartiers dominent les barrios anciens.
A notre arrivée, tous les hôtels que nous visitons affichent
complet. Par chance, l’un d’eux nous propose la « salle TV », en
attendant que 2 lits se libèrent en dortoir.
Soulagés, nous pouvons profiter de la ville.
Casco Viejo, le quartier colonial où nous logeons abrite
quelques vieilles églises et vieux bâtiments en ruine.
Un peu plus loin se trouve le marché aux poissons. Agréable
et vivant, on peut se régaler de ceviches (mélange de fruit de mer) pour
presque rien.
Arrive le quartier moderne qui fait ressembler Panama City à
Manathan.
Des grattes ciels à perte de vue. Marco, un chauffeur que
nous rencontrons, nous explique que tous ces immeubles sont vides. Ils abritent
uniquement des adresses postales pour les grandes entreprises mondiales en
quête de paradis fiscal….
Le Canal de Panama.
L’activité principale de la région est une ressource non
négligeable pour le pays.
Le canal de Panama permet depuis 1904 aux bateaux de toute
taille de rejoindre le Pacifique à l’Atlantique (ou inversement) sans avoir à
contourner le continent sud et le passage du Cap Horn.
Pour permettre le passage de bateaux encore plus gros, un
deuxième canal est en construction en parallèle du premier.
Un troisième canal serait en projet au Nicaragua, financé
par la Chine et la Russie.
Accoudés au restaurant de Miraflores, nous regardons les
manœuvres permettant aux cargos de passer les écluses. Impressionnant, car il
n’y a pas énormément de marge de chaque coté. Le simulateur de passage, du
petit musée, nous en donne un bon aperçu.
Le Darien
Pour rejoindre le continent Sud Américain, il n’y a pas de
route. La Panaméricaine s’arrête quelques 200 km plus loin. Bloquée par la
jungle du Darien
Depuis notre départ, ce passage hante nos esprits.
La machette récupérée au Guatemala qui pour le moment ne
servait qu’à me curer les dents ou éloigner les chiens un peu trop amoureux de
nos mollets allait enfin servir…..
Même si d’autres cyclos voyageurs, (la famille Hervé, André
Coadou), ont déjà traversé cette jungle, ce n’est pas si simple. Pour pénétrer
dans le Darien, en plus d’autorisations officielles, il faut une sacrée connaissance
de cette nature inhospitalière. Plantes,
animaux, rivières peuvent vite devenir des ennemis…
Sans sentier, ni même trace précise, il est extrêmement
facile de s’y perdre, ou de tomber sur des guérilléros, des narco trafiquants
et autres pilleurs…
Devant ces problématiques et n’ayant pas l’envergure d’un
Indiana Jones, nous étudions les autres possibilités…
L’avion, la croisière ou le long de la côte en empruntant
diverses embarcations…
Cette dernière option, est un peu plus engagée que les deux
premières mais surtout beaucoup moins couteuse. C’est l’option que nous
retenons.
Le bouchon sur une coquille de noix.
Nous quittons Panama city un dimanche. Pour notre plus grand
plaisir, c’est le jour ou la ville est rendue aux vélos, marcheurs, rollers… Il
nous est donc facile de quitter la capitale en empruntant les autoroutes.
Nous sommes sur la côte Pacifique et il nous faut maintenant
rejoindre la côte Caraïbe. Pas très éloignée. Mais il faut couper l’épine
dorsale qui relie les 2 continents par une route aux pentes reléguant les cols
du pays basque au rang de faux plats.
Des pourcentages équivalents à des pistes noires de ski. En
gros, c’est super raide et même en osant « tout lâcher » dans les
descentes,
on ne récupère que quelques mètres dans la montée suivante.
Ensuite, il faut pousser...
Ce qui laisse le temps aux singes de nous regarder passer.
Finalement, on arrive à Carti. Petit port des Caraïbes. Bien
tranquille.
C’est ici que commence un jeu de patience. Y aura-t’il une
lancha (petite embarcation) pour notre destination ? Faut-il rester sur ce
port ou rejoindre une île plus touristique ? Les personnes du port n’ont
pas la réponse. Nous sommes trop fatigués pour prendre la décision de bouger et
plantons notre tente.
Dés 8 heures du matin, le port s’anime. Les puissants 4x4
qui eux seuls arrivent à passer la route de la veille arrivent de Panama
déversant leurs passagers désireux de regagner leurs îles.
Sur le ponton, il nous faut trouver la bonne lancha. Par
chance ( ?) ce jour là, il y a une embarcation en direction de Puerto
Obaldia, dernier village du Panama ou se trouve le bureau d’immigration.
Les bagages, vélos et passagers sont vite embarqués. Avec
nous, 16 personnes, des poulets, des bouteilles de gaz, des caisses, 2 vélos et
d’innombrables sacs. Les occupants du bateau connaissent les conditions et tout
est bien emballé dans des sacs poubelles.
Le « capitaine » met le cap sur la station
service. Il a l’air soucieux et rajoute un baril de 80 litres d’essence.
Tranquillement, l’embarcation contourne les îles San Blas,
paradis des Caraïbes. Certaines sont habitées,
d’autres sont encore désertes.
Une fois quittée la protection des îles, le cauchemar
commence. Bien que des Caraîbes, la mer est démontée. Les vagues énormes nous
chahutent dans tous les sens. Le bateau ressemble à une coquille de noix sur un
océan en colère.. Le bateau sort de l’eau, retombe lourdement derrière chaque
vague. Nous ne voyons pas l’horizon, mais que des vagues immenses. Dans
l’embarcation personne n’a le courage d’être malade. Seuls quelques cris
s’échappent quand le bateau retombe nous brisant le dos à chaque fois. Nous
avons le regard rivé sur nos vélos. Ils ne ressortiront pas indemne de cette
traversée, c’est certain.
Nous arrivons en vue de Puerto Obaldia. La traversée aura
durée 7 heures au lieu des 4 annoncée. Le « capitaine » semble encore
plus soulagé que nous. Nous ne pouvons pas nous approcher de la plage pour
accoster le bateau. Le « capitaine » invoque un problème de moteur et
demande la permission de s’accrocher aux bateaux de l’armée.
Il nous faut traverser 3 bateaux avec nos vélos et nos
bagages avant d’atteindre le quai.
Dès le pied posé sur la terre, le verdict tombe. Le vélo de
Patricia est dans un sale état. Dérailleur pliée, pâte dessoudée, roues en 8,
portes bagages cassés…
De plus, nous arrivons trop tard. La douane est fermée. Nous
devions juste faire une halte pour tamponner notre sortie du Panama et
rejoindre Capurgana, premier village de Colombie. C’est ce que nous avions
négocié avec le « capitaine ».
Nous passerons la nuit devant le poste d’immigration, avec des
réfugiés Cubains qui attendent, pour certains, depuis des mois une autorisation
de passage au Panama.
Gentiment, ils nous invitent à prendre une douche, à nous
reposer, à découvrir le village…. En écoutant leur parcours et leur vie, nos
problèmes mécaniques ne sont pas grand chose.
Le lendemain, une fois obtenu le tampon du Panama, il faut
passer par la case Douane.
Ici, ils ne rigolent pas. Chiens renifleurs, tous les bagages
fouillés méticuleusement. Nous assistons à la scène. Valise ouverte, chaque
poche de pantalon est vidée, doublures sondées… Nous pensons à nos 10 sacoches
à étaler sur cette table… Devant cette réalité, nous contournons le poste en
empruntant les chemins visités la veille avec les cubains et évitons la
fouille….. Un peu plus loin, sur une plage, des lanchas sont chargées en
silence. Nous retrouvons notre capitaine, qui contre toute attente est prêt à
nous emmener à destination. Ce n’est pas le même bateau que la veille. Quand je
lui fait remarquer, il me répond que hier, le bâteau, notre bâteau c’est fendu
sur toute la hauteur pendant la traversée, avant d’ajouter que grâce à dieux
nous avons pu atteindre Puerto Obaldia….. Si nous avions su qui était aux
commandes…. Pour cette dernière traversée, ce n’est pas lui qui conduit la
lancha. Il est redevenu aide, afin de gagner assez d’argent pour réparer sa
coquille de noix et renter chez lui aux San Blas…. Pour nous, il aura tenu
parole, c’est ce qui nous importe. La présence de deux touristes à son bord est
elle un atout pour lui et sa marchandise ?
Assez tranquillement nous arrivons à Capurgana. Le temps de
descendre nos vélos et nous croisons Retief, un cyclo Sud Africain avec qui
nous avons roulé au Mexique. Il est enchanté de son option
« croisière »….. Nous n’en saurons pas plus, son beau bateau part
pour Turbo.
Les formalités d’entrée en Colombie ne sont que des
formalités. Plus de bateau aujourd’hui pour le continent. Nous abandonnons le
camping et cherchons un petit hôtel. Il nous faut réfléchir à la suite.
Première chose, trouver un bateau pour le continent. Le
lendemain il y a une lancha pour Turbo.. Le surlendemain, un catamaran énorme
pour la même destination. Nous n’hésitons pas et réservons le gros bateau. Raz
le bol des coquilles de noix . Cela nous laisse un jour et demi pour
remettre le vélo de Patricia en état.
Capurgana est une ville qui n’est accessible que par la mer.
Du fait, cela fonctionne comme sur une île. Tout le monde est très rapidement au
courant de tout. C’est comme cela que nous rencontrons le soudeur des machines
CAT servant à entretenir la minuscule piste d’atterrissage du village. Rendez
vous est pris pour le lendemain.
Nous pouvons passer le reste de l’après midi à visiter cette
bourgade sans voiture, ou les gens sont vraiment agréables.
A neuf heure, je suis au rendez vous. Malheureusement,
Osias, c’est son nom, ne peut plus m’aider.
Il a une urgence avec un appareil tombé en panne la veille. Que cela ne
tienne, à l’autre bout du village, il y a une autre personne qui possède un
poste à soudure. Je monte à l’arrière de la première mobylette qui passe et me
fait conduire chez Carlo qui, moins expérimenté que son collègue, fini après
quelques trous et pas mal de sueur à ressouder les parties endommagées.
Le voyant sortir la
masse pour redresser les portes bagages, je le remercie gentiment et fait de
mon mieux à l’auberge.
Résultat final le vélo pourra repartir. Gros soulagement
pour nous deux. Par contre, nous serons obligés de finir en Lancha… Le
Catamaran est bloqué pour une durée indéterminée car ses papiers ne sont pas en
règle à Turbo…..
Il est plus que temps de rejoindre le continent. Nous avons
soif de montagnes, et de fraicheur.
Quelle aventure !! rien ne vaut la terre ferme. En tout cas mes connaissances géographiques progressent avec vous. Je ne connaissais pas cette forêt, le Darien et j'imaginais pas qu'il faille prendre la mer pour passer en Colombie. Bonne continuation les amis et restez prudents
RépondreSupprimerBonjour Marielle,
RépondreSupprimerLe Darien est une vraie frontière (quasi) infranchissable. Ce qui pose un énorme problème pour les voyageurs à 4 roues. Ils sont obligés de mettre leur véhicule sur des cargos pour changer de continent.
Bises
On darien sans rien il paraît ! Prenez soins de vous et continuez bien votre route !
RépondreSupprimerFallait oser... Mais bon, si Darien d'autre à dire....
SupprimerIl faut surtout que l'on prenne soin des vélos.. Ils commencent à accuser la distance.